Département le plus accidentogène en France : analyse des zones à risque
20 % : c’est la part saisissante des accidents de motards qui se concentrent dans les seules zones périurbaines des Bouches-du-Rhône, alors que ces secteurs n’occupent qu’un tiers du réseau routier local. Ce n’est pas un détail, mais le symptôme d’un déséquilibre qui ne doit rien au hasard. L’Observatoire national interministériel de la sécurité routière met chaque année en lumière ce département comme le plus accidentogène du pays pour les deux-roues motorisés.
Cette surreprésentation n’est pas une énigme. Les flux intenses, les carrefours à répétition, les axes fragmentés dessinent un terrain miné pour les motards. Les statistiques le confirment sans détour : la majorité des accidents survient quand la circulation est la plus dense, notamment en semaine, aux heures de pointe. Autrement dit, là où la pression de la mobilité urbaine rencontre les limites d’un réseau saturé, le risque grimpe en flèche.
Plan de l'article
Où les motards sont-ils le plus exposés aux accidents en France ?
Derrière la froideur des chiffres, certains territoires pèsent lourd dans le bilan des accidents corporels de la route. Les rapports de l’Observatoire national interministériel de la sécurité routière (ONISR) le confirment : le département des Bouches-du-Rhône affiche un taux d’accidents corporels rapporté à la population qui dépasse de loin la moyenne nationale. Ici, pour chaque million d’habitants, on compte près de 180 sinistres, quand la plupart des régions de France métropolitaine restent autour de 110.
La carte des zones accidentogènes est sans appel : les axes urbains et périurbains ressortent nettement. Marseille, Arles, Salon-de-Provence, sur ces itinéraires, la densité du trafic se conjugue à la vétusté des infrastructures et multiplie les dangers. Prenons la route départementale D113 : très empruntée, elle concentre bon nombre de collisions impliquant des deux-roues.
Voici les départements qui concentrent le plus grand nombre d’accidents corporels rapportés à la population :
- Bouches-du-Rhône : 180 accidents corporels/million d’habitants
- Val-de-Marne : 165 accidents corporels/million
- Paris : 160 accidents corporels/million
Sur ces mêmes territoires, la gravité des accidents mortels ne faiblit pas. Les chiffres de l’ONISR parlent d’eux-mêmes : 12 tués par million d’habitants dans les Bouches-du-Rhône, alors que la moyenne française s’établit à 7. Cette surmortalité s’explique par la densité urbaine, la saturation des routes, mais aussi par des comportements à risque qui explosent lors des pics de circulation. Plus que jamais, les motards circulant dans ces zones doivent redoubler de vigilance.
Décryptage des statistiques récentes : cartographie des zones à risque et facteurs aggravants
Les dernières données définitives de l’Observatoire national interministériel de la sécurité routière croisées avec celles du registre Gustave Eiffel montrent une géographie bien précise des accidents corporels enregistrés par les forces de l’ordre. Certains départements, plus exposés, cumulent densité de population, complexité du réseau routier et circulation intense, en particulier dans les zones périurbaines. À Lyon et dans son agglomération, par exemple, les axes principaux mêlent quartiers denses et infrastructures vieillissantes, ce qui favorise les collisions.
Voici les principaux facteurs qui aggravent la situation, relevés lors de l’examen croisé des données relatives aux accidents :
- L’intensité du trafic, en particulier aux heures de pointe
- La vétusté de certains tronçons routiers
- Les comportements à risque, notamment des usagers pressés ou inattentifs
Les deux-roues motorisés sont particulièrement exposés : sur des axes comme la D6 ou la rocade Est de Lyon, leur surreprésentation dans les accidents graves saute aux yeux.
Au-delà de la métropole, d’autres territoires subissent une sinistralité marquée. Parmi eux :
- Les Pyrénées et la Martinique : des routes sinueuses, un relief accidenté, un réseau parfois difficile d’accès favorisent les accidents.
- La Nouvelle-Calédonie : une hausse du nombre d’accidents corporels est constatée sur les routes secondaires, où la sécurité reste un défi quotidien.
L’estimation ONISR université Gustave Eiffel affine encore cette cartographie : les abords des grandes villes, les axes touristiques, les liaisons régionales figurent systématiquement parmi les secteurs à surveiller de près. La progression de la mortalité routière dans certains de ces territoires interroge la pertinence des actions engagées, et rappelle la nécessité d’une adaptation permanente des politiques publiques.
Quelles solutions concrètes pour renforcer la sécurité des motards en milieu urbain ?
La réalité est là, implacable : les usagers de deux-roues motorisés restent en première ligne face aux dangers du trafic urbain. Depuis des années, les associations de motards demandent que les spécificités des motocyclistes soient mieux prises en compte dans le code de la route. Parmi leurs priorités : revoir la gestion des angles morts aux intersections, améliorer le marquage au sol et traiter sérieusement le problème des chaussées glissantes.
Les collectivités locales ont leur rôle à jouer et plusieurs pistes concrètes s’offrent à elles. Pour renforcer la sécurité des motards, il convient notamment de :
- Supprimer les séparateurs de voies dangereux
- Installer des dispositifs anti-chute sur les glissières de sécurité
- Créer des voies réservées aux deux-roues là où la configuration le permet
Les assureurs et l’Observatoire national interministériel de la sécurité routière alertent aussi sur la nécessité d’une coopération renforcée avec les élus locaux, en s’appuyant sur les données relatives aux accidents corporels enregistrés par les forces de l’ordre pour cibler au mieux les zones à traiter.
L’enjeu ne se limite pas aux infrastructures. La prévention reste un axe majeur. Les campagnes de prévention ciblées, menées en partenariat avec les écoles de conduite et les associations, insistent sur trois leviers : anticiper, être visible, s’équiper. Quant aux contrôles routiers en ville, ils ne cherchent pas à sanctionner pour sanctionner, mais à protéger. Réduire la vitesse, garder ses distances, faire preuve de sobriété : ces attitudes font chuter la sinistralité.
Soutenir la sécurité des motards en ville ne relève pas d’une bonne volonté passagère. Cela implique des choix assumés, une mobilisation durable, et la volonté partagée d’offrir aux usagers de deux-roues un réseau qui ne les mettra plus systématiquement en danger. La route, elle, n’attend pas, chaque décision, chaque aménagement, chaque geste compte pour inverser la tendance.